Parce que les violences conjugales impactent le corps et/ou le psychisme de chacun des membres d’une famille où elles surgissent, il n’est pas question de se taire. La violence s’installe par un mot, un geste, un regard, une remarque, une flèche en plein sujet ; elle surprend, bouscule, effracte et fige aussi. Comment la comprendre ? Quel sens lui donner ? Qu’est-ce qui a laissé penser à l’un et/ou à l’autre conjoint qu’elle était justifiée ? Que peut-on en faire dans son histoire ? A quel moment survient-elle ? La violence existe-t-elle depuis les débuts du couple, depuis l’arrivée d’un enfant, depuis le bouleversement de l’équilibre psychique de l’un des conjoints ? Tant de questionnements en suspens. La violence exercée et la violence subie interrogent chaque conjoint sur son rapport à l’autre et à soi-même : comment a-t-on été considéré en tant qu’individu ? comment considère-t-on les autres ? De quelles limites dispose-t-on ? De quels outils (les mots, la parole, les gestes, …) est-on équipé pour aborder l’Autre ? Quelle est l’ampleur de nos angoisses et comment les élabore-t-on ? La violence recèle une complexité psychique indéniable : se pose-t-elle en termes de survie psychique (de la personne violente, mais aussi de la personne violentée) comme s’il n’y avait pas d’autre solution pour décharger des tensions insupportables (c’est lui/elle ou c’est moi), se pose-t-elle en termes d’intrication amour-souffrance, parce que le sujet a grandi en pensant que de toute façon, l’amour et la dépendance à l’autre ça fait mal ? Commencer à mettre des mots sur ce qui est déchargé et subi dans la douleur, c’est exister et retrouver son statut de sujet.
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