« Toujours » « coupable » de « tout » : c’est en effet une bien lourde charge pour une seule personne. Le sentiment de culpabilité fait partie de la vie, c’est impossible d’y échapper. Par contre, la dose sera différente d’une personne à une autre. Certains se diront qu’ils se retrouvent toujours dans des situations douloureuses ou humiliantes qu’ils n’ont pas voulues, d’autres se diront que cela arrive de culpabiliser parce qu’ils n’ont pas fait ce qu’il fallait ou qu’au contraire ils ont agi d’une manière peu adaptée cette fois-là.. La palette des situations culpabilisantes est multicolore ! On peut ainsi observer la culpabilité et ses différents dosages : une personne peut ne pas ressentir consciemment de culpabilité car elle se trouve déjà tellement dans une situation affligeante, qu’elle paie chèrement sa dette de cette manière ; une personne peut aussi, ressentant sa propre culpabilité comme impitoyable, la projeter sur son environnement qui en supportera désormais la charge ; une autre personne peut recouvrir sa culpabilité difficilement supportable, par la mise en oeuvre d’une très grande omnipotence, il vaut mieux être responsable de tout et fantasmer avoir le contrôle, que de prendre conscience d’une détresse qui nous submergerait. Chaque personne a sa stratégie face au sentiment de culpabilité et au prix qu’il paie pour la ressentir, l’assumer ou au contraire s’en défendre ou s’en dégager. Cette stratégie n’est pas un choix, mais le meilleur compromis possible jusqu’au moment où le prix à payer devient trop cher pour continuer dans cette voie. Le travail thérapeutique peut en effet commencer à partir de cette limite : comment gérer sa culpabilité ? Faudra-t-il lever les résistances pour enfin la ressentir et faire les deuils nécessaires pour que la pulsion de vie continue de circuler ? Faudra-t-il en réviser les proportions pour qu’une part incompressible existe, mais n’écrase pas le sujet dans l’absolu ? Autant de chemins à parcourir pour que chacun vive avec le sentiment de culpabilité, qui humanise mais qui, parfois aussi, rend malade…