Chaque famille est confrontée à l’usage des écrans et à leur impact sur les enfants au quotidien, en essayant de faire au mieux pour leur laisser accès aux technologies de leur génération, mais aussi tout en les préservant en fonction de leur âge. Le téléphone portable investi comme objet-prolongement narcissique de l’individu, donne à penser à l’enfant qu’il est extrêmement désirable de l’avoir pour être quelqu’un…mais il ne faut pas oublier que l’enfant pour se construire, a déjà besoin d’ETRE tout court. C’est ici que le rôle parental intervient de manière fondamentale. Lors de sa première année de vie, un nourrisson découvre tout avec sa bouche, en quoi est-ce structurant pour lui de mettre un téléphone dans sa bouche pour découvrir le monde ? Le nourrisson apprivoise son environnement par le biais de ses sens – la vue, le toucher, l’odorat, l’ouïe et le goût, il a besoin de diversité car il est un explorateur ! Le téléphone en tant qu’objet est bien peu satisfaisant pour un génie en construction ! Il y a évidemment des jouets adaptés à chaque âge et il est bon de s’en souvenir. Mais un autre point doit être soulevé : un jeune enfant a besoin de soutien, de regard, de lien et de communication pour s’animer et entrer en contact avec le monde. C’est le parent qui médiatise cette relation et c’est là où aujourd’hui certains parents se sentent démunis face à leur enfant car ils disent ne pas savoir « quoi faire » avec lui, l’espace du jeu (mais aussi du « Je ») semble vide pour eux. Il ne s’agit en effet pas de « faire » forcément quelque chose avec l’enfant, mais d’être avec lui, de lui renvoyer une image de lui, de l’expérience qu’il est en train de vivre et que vous vivez avec lui. Il s’agit d’être capable d’être ensemble, avant que l’enfant ne sache être seul en la présence du parent, puis tout seul par lui-même. Il en ira de même pour un enfant de 2-3 ans qui découvre le monde en agissant et en explorant sa motricité…comment le corps peut-il s’exprimer si les mains sont majoritairement occupées à cliquer, à faire défiler des contenus..? Où passe la créativité, l’ingéniosité de l’enfant – et de l’adulte à venir. Il en va de même pour l’enfant plus âgé, à qui l’on proposerait des podcast d’histoires du soir à écouter seul. Il se passerait pourtant tant de choses dans le lien psychoaffectif lors du rituel de la lecture du soir : la voix et l’intonation du parent qui lit, les échanges sur la lecture, le plaisir des images et des textes, la répétition de l’histoire préférée, le reflet dans l’histoire des peurs infantiles que l’on peut exprimer, etc. Avant les 3 ans de l’enfant, chaque parent doit se refuser de donner un téléphone à l’enfant par confort ou facilité, c’est le parent qui est à frustrer, pas l’enfant. Concernant l’enfant plus âgé, il sera question de dosage dans l’accès aux écrans, les balises d’âges sont un guide judicieux : https://www.3-6-9-12.org/les-balises-3-6-9-12/.