Que de transformations physiques et psychiques dans ce vécu de grossesse ! Elle engage profondément la femme dans son identité, son intimité, son corps et sa psyché. Admettre et accueillir un nouvel être à l’intérieur de soi peut être ressenti comme une expansion de soi, mais aussi comme un envahissement ou une intrusion ; un drôle de sentiment d’étrangeté peut survenir parfois.
Pendant sa grossesse, la femme vit des pulsions à but actif : accueillir et retenir en soi ce foetus, et des pulsions à but passif : accepter que le corps soit investi de l’intérieur, perdre le contrôle de ce corps, investir une position de « réception » ; des sentiments ambivalents naissent à l’égard de ce foetus porté.
La grossesse positionne la femme au carrefour de son histoire, devenir mère comme sa mère avant elle et s’identifier à cette mère, mais aussi s’identifier à l’enfant, comme elle avant. Etre enceinte d’une fille ou d’un garçon engendre également de nombreux fantasmes que la femme pourra rattacher à son histoire personnelle.
Par ailleurs, une grossesse, précédée de fausse-couche, met la femme devant des angoisses et un vécu de perte, qui n’ont pas forcément eu le temps d’être élaborés, il peut être difficile d’investir cette nouvelle grossesse d’emblée. Il est important de travailler au sens que cette fausse-couche a pu avoir pour la femme, si elle en souffre dans sa grossesse actuelle. Sur le chemin du désir d’enfant, il y a de nombreux fantasmes qui ont besoin d’être liquidés (enfant adultérin, enfant monstrueux, enfant incestueux) avant d’ouvrir l’espace à un enfant du mari, du conjoint.
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