Qu’est-ce qui fait qu’un individu se trouve happé par la spirale du burnout aujourd’hui ? Il est triste ce constat, que le monde de l’entreprise se trouve loin du « happy world » dépeint par quelques pros de la psychologie positive ou de coachs en développement personnel ; l’entreprise est parfois un lieu de violence psychique, où de façon perverse toutes les conditions sont mises en place pour donner l’illusion de l’écoute et de la motivation, sous couvert de jeux de pouvoir, de réseaux, d’échiquier, où le mieux est de se trouver à la bonne place au moment opportun et pas forcément de présenter les compétences adéquates relatives aux objectifs à atteindre.
De nombreux profils d’hommes et de femmes se dessinent au sein de l’entreprise..certains d’entre les salariés ont des idéaux élevés, des valeurs humaines qui dépassent le cadre du-travail-à-exécuter, veulent bien faire et encore plus s’ils peuvent, s’engagent à 150% et attendent de l’entreprise qu’elle renvoie quelque chose ; Comment leur manager, leur hiérarchie directe réagira ? Sera-t-elle bienveillante, reconnaissante, valorisante ? Sera-t-elle indifférente, jugeante, exigeante ? Les plus fragiles à terme ont-ils été les plus solides un temps, souvent un temps important ?
En effet, le salarié en burnout, c’est peut-être celui qui a eu une capacité de travail importante, une adaptation forte aux aléas, aux exigences, une persévérance à toute épreuve, le salarié qui tient coûte que coûte, qui rassure, qui encourage les autres aussi peut-être, tout cela « étalé » sur une temporalité donnée. Le plus solide qui, sur une échelle de temps (un processus d’un an, 2 ans, selon la contenance psychique de chacun..) s’est fissuré peu à peu, sans que cela se voit, qui a usé ses ressources petit à petit, puis un jour, tombe, se fracasse et ne se relève plus. Le salarié en burnout n’a pas tiré la sonnette d’alarme aussi vite que son voisin l’a fait : ressources différentes, représentations personnelles du stress différentes, contenance et résistance à la pression différentes, idéaux et rôle à jouer singuliers. C’est ni bien ni mal, c’est juste que chacun fait comme il peut, à partir de ce qu’il est, pour réagir et s’adapter au stress, aux injonctions paradoxales, aux jeux de pouvoir, aux impasses et aux impossibilités que l’entreprise tisse souvent aux dépens de ceux qui ont été engagés pour la faire croître.
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