Toute vie sexuelle dynamique contient une certaine quantité de manifestations proches des perversions, sans être pour autant de la perversion. Les préliminaires sexuels peuvent faire appel à des fantasmes pervers, à des rêveries liées à des tendances sadiques, masochistes, voyeuristes ou exhibitionnistes, sans pour autant que l’individu soit un « pervers » ; par exemple, cela contribue au plaisir des partenaires que de regarder l’autre et/ou d’être regardé par l’autre. A chacun dans ce couple d’y amener sa part fantasmatique, d’utiliser celle-ci au profit de la relation à deux.
Ces pulsions dites partielles (sadisme, masochisme, exhibtionnisme, voyeurisme) sont intégrées à un ensemble relationnel, sexuel et communicationnel de la vie du couple, fait de partenaires dont les désirs s’accordent et se répondent sur ce plan.
Par ailleurs, si la satisfaction de ces pulsions existe pour elle-même dans le couple, c’est-à-dire si l’un recherche le déplaisir de la douleur et l’autre à l’infliger, si les deux sont d’accord pour mettre en oeuvre ce scénario, ils se trouveront peut-être dans la perversion, mais pas dans le délit.
Cela dit, l’individu peut s’interroger sur sa vie sexuelle, lorsque sa réalisation et sa satisfaction en passent exclusivement par la mise en oeuvre d’un scénario pervers : utilisation exclusive d’un fétiche, être sadisé par tel type de personne, surprendre l’autre dans son intimité en s’en faisant voyeur, etc. Que dit cette pratique de sa vie relationnelle, intime et de son rapport à l’Autre ?
Pour terminer, la question est de savoir s’il y a risque et danger effectifs pour celui qui est l’objet de la perversion : le viol, la pédophilie et l’inceste sont les perversions extrêmes qui classent les auteurs concernés comme agresseurs sexuels dangereux, et ici nous ne sommes évidemment plus dans le champ des fantasmes pervers qui composent en partie la vie sexuelle génitale.
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