A quel moment le mensonge dans le couple commence-t-il ? Dans quel but a-t-il été utilisé par l’un des conjoints ? Quel impact a-t-il ? Que peut-on en faire, si l’on en est l’acteur, ou si on le subit ?
La découverte d’un mensonge fait forcément tomber l’autre de son piedestal ou en tout cas, ternit l’image que l’on s’était construite de lui/elle, c’est un remaniement important qui s’annonce dans le couple. Par ailleurs, il y a la prise de conscience de s’être menti à soi-même, comment se regarder en face après-coup ?
Le mensonge fait partie du développement d’un individu : dès l’enfance, face à la crainte qu’un parent sache tout de lui, l’enfant ment pour préserver un espace en lui d’intimité et d’autonomie. C’est un tracé de frontières, une première séparation psychique, qui se fait par l’esprit, entre lui et ses parents. Ici c’est structurant.
Par contre, dans des circonstances douloureuses, un enfant peut mentir pour nier une réalité trop brutale à supporter, sur laquelle il ne peut agir. Il remplace ce qui existe par des constructions imaginaires, sa réalité psychique prend alors le pas sur la réalité concrète.
Plus tard, l’individu adulte peut mentir pour les raisons qui lui appartiennent : un conjoint décide de ne pas dire qu’il a reçu un certain message, non pas en raison de son contenu objectif, mais du contenu inconscient qu’il recèle, c’est dans l’après-coup que la personne comprendra les motifs qui avaient rendu la chose inavouable…Un individu s’arrange pour décevoir et duper ses collaborateurs, pour obtenir une forme de vengeance à la première duperie dont il a été victime, avoir pensé être aimé de ses parents pour ce qu’il était et pas pour ce qu’il représentait…cette fois-ci, il en sera acteur et l’autre subira. Le mensonge met à l’épreuve la réalité psychique de ce qui a existé de manière fragile ou lacunaire, le mensonge met le doigt sur l’écart ressenti et subi par un individu, le mensonge comme moyen d’abuser l’autre et comme révélateur d’avoir été abusé à un moment donné de sa vie.
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