« Fais donc plaisir, voyons », « tu es méchant », « tu es très gentil », etc...Autant de phrases blessantes et culpabilisantes de la petite enfance qui résonnent longtemps après. Est-ce l’enfant tout entier qui est considéré comme méchant ou ce qu’il fait ou dit ? C’est une différence entre l’être et le faire, l’impact sur lui n’étant pas le même. C’est une première chose de distinguer l’enfant qu’il est, qui a besoin d’être aimé inconditionnellement pour se construire une identité solide, et ce qu’il fait ou dit et qui peut supporter des conditions : exigences sociales, respect, savoir-vivre. C’est également important que ce qui est posé comme condition soit explicité, sinon comment y adhérer ?
Par ailleurs, il est également important pour l’équilibre de l’enfant que lui soit reconnu ce qu’il ressent, rien de plus dévastateur que le désaveu de ses ressentis qui n’ont pas encore trouvé de mots, mais qui existent bien pourtant : « Mais non, voyons, ce n’est rien », « tu as dû mal comprendre », « moi, je sais que … »; etc.
Plus tard, si ce système persiste, comment assumer ses propres choix, s’ils sont l’enjeu constant d’une opposition entre désirs des parents et désirs propres, ou d’une mise en doute permanente ? Faudra-t-il suivre ces études-là ? Faudra-t-il exercer ce métier-ci ? Sera-t-on jugé sévèrement, abandonné, désaimé ? Et quel sera le prix à payer pour s’en affranchir ou rétablir la vérité de ses désirs singuliers ?
Bien souvent, les personnes pensent que « s’affirmer » est équivalent à « agir à l’encontre de », mais l’enfant qui s’affirme ne le fait pas contre ses parents, c’est sa pulsion de vie qui s’exprime là, ce n’est ni gentil (pour faire plaisir), ni méchant (pour faire souffrir le parent), c’est juste vivre la vie qui lui est offerte.